La neuromodulation sacrée a pour objectif de traiter les manifestations irritatives de la vessie (urgence et fréquence urinaire et potentiellement incontinence). Ces troubles peuvent être isolés ou liés à d’autres maladies du système urinaire ou du système nerveux. Cette incontinence est totalement différente de l’incontinence d’effort.
Dans tous les cas, des examens (bilan urodynamique, endoscopie vésicale) avec votre urologue permettront de faire un diagnostic précis avant de proposer un traitement adapté. Cette intervention n’est justifiée qu’après échec de traitements médicaux classiques et éventuellement d’une rééducation périnéo sphinctérienne
Un courant électrique, par l’intermédiaire d’une électrode va être appliqué près d’un nerf sacré (racine du nerf spinal S3 parfois S2 ou S4) qui participe à la commande de la vessie et du sphincter de l’urètre. L’électrode est positionnée sous guidage radiographique. Ce courant électrique va modifier les informations qui transitent par ce nerf (modulation) en particulier celles venant de l’urètre et de la vessie, permettant ainsi de mieux les contrôler.
Ce traitement est conservateur (aucune structure anatomique n’est détruite ou abîmée) et réversible (ses effets s’arrêtent avec l’arrêt du stimulateur si cela est nécessaire).
Le traitement se fait en 2 temps (2 hospitalisations). Une période de test est nécessaire pour savoir si vous êtes répondeur au traitement
En hospitalisation ambulatoire, le test débute par la pose de l’électrode qui se fait au bloc opératoire sous anesthésie générale. Lorsqu’il aura placé l’électrode et fait passer le câble sous la peau, celui-ci sortira en haut de la fesse droite ou gauche. Ce câble sera alors relié à un boîtier externe que vous porterez à la ceinture en permanence (jour et nuit) pendant la période de test.
Dans certains cas, à la fin du test, le boîtier externe sera éteint et repris par le médecin et le test se poursuivra quelques jours pour vérifier la réapparition de symptômes (période OFF)
Une semaine après la pose de l’électrode, vous serez revu en consultation par l’urologue pour analyser les bénéfices obtenus par le stimulateur(amélioration des symptômes urinaires, tolérance de l’appareil).
– Si la période de test n’apporte pas d’amélioration, le matériel sera enlevé sous anesthésie locale.
– Si la période test se solde par une amélioration très nette de vos symptômes, votre urologue vous proposera l’implantation du générateur.
Elle nécessite une nouvelle hospitalisation ambulatoire, environ 15 jours après la pose du stimulateur temporaire. L’implantation se fait sous anesthésie générale ou plus souvent locale. Vous êtes installé sur le ventre, au bloc opératoire et le chirurgien récupère les câbles électriques reliés à l’électrode et y connecte le boitier définitif, qui sera implanté sous la peau en haut de la fesse. Les constantes de stimulation qui ont été validées lors de la consultation intermédiaire servent pour les réglages du boitier définitif.
Le chirurgien vous revoie avant votre départ de la clinique pour vérifier l’absence de douleurs en regard du boitier et le bon fonctionnement de celui ci.
Il vous remet une carte de porteur d’un neuro stimulateur à garder toujours avec vous, une brochure de fonctionnement et le boitier de contrôle qui permet de communiquer avec votre neuro stimulateur par infra rouge à travers la peau.
Durant la période de test, un pansement spécial vous permet de prendre des douches sans risque, les bains sont interdits.
Vous prendrez garde à ne pas tirer sur le câble qui sort du pansement et à ne pas endommager le boîtier externe de stimulation.
Si vous ne sentez plus la stimulation, il faut vérifier le clignotement du stimulateur (en l’absence, changez les piles). En présence de clignotement, vous pouvez augmenter l’intensité jusqu’à ressentir de nouveau une sensation de fourmillement dans la région périnéale. En l’absence de sensation, vous contacterez le service d’urologie pour vérifier le matériel.
Les suites sont très simples, les fils sont résorbables et seuls des soins infirmiers peuvent être prescrits.
La pose du boîtier permet de reprendre une activité normale rapidement (une semaine environ).
Vous serez revu en consultation (1 mois post-opératoire) puis suivi régulièrement (2 fois par an) pour vérifier le bon fonctionnement de l’appareil et l’efficacité de la thérapie.
Si la rééducation est possible sous neuromodulation sacrée, l’application de courants divers par votre kinésithérapeute est formellement défendue en raison du risque de champs électriques pouvant créer des brûlures.
La neuromodulation sacrée peut interférer avec d’autres stimulateurs implantés (pace-maker cardiaque, stimulateurs cérébraux).
Vous aurez un corps étranger métallique dans votre organisme qui sera susceptible de déclencher une alarme au passage des portillons de surveillance (aéroport, grands magasins). Gardez sur vous votre carte de port de matériel médical implanté.
Exceptionnellement, la neuromodulation sacrée peut s’accompagner de douleurs (locale au site d’implantation du boîtier, périnéale voire des membres) qui peuvent céder sous paramétrage du stimulateur.
Très exceptionnellement, le stimulateur peut être suivi d’une infection locale qui, en règle, cède sous traitement antibiotique, mais qui peut exceptionnellement faire l’objet d’une explantation du matériel.
Enfin, l’énergie du neuromodulateur n’est pas inépuisable. La durée de vie de la batterie dépend de la fréquence et de l’intensité de stimulation. En règle, la durée de vie est d’environ 5 ans. Au-delà, il faut changer la pile (mais pas l’électrode de stimulation).
Site internet du fabriquant du matériel :
http://www.medtronic.fr/france/patients/incontinence/mgu_interstim_how.htm
Avis rendu en 2009 par la haute autorité de santé sur ce traitement: